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Elle nécessite de fédérer autour, de projets ambitieux, des acteurs du territoire animés par une volonté commune de construire une ville plus inclusive. Sur ses projets immobiliers, le groupe RATP travaille ainsi en étroite collaboration avec les élus, les institutions, les habitants et usagers des quartiers, mais également avec des architectes et des urbanistes, à qui nous avons demandé de témoigner dans ce numéro.
La RATP est un acteur majeur pour Paris, évidemment, dans son rôle d’opérateur de transport, mais aussi comme important propriétaire foncier. La Ville et la RATP ont signé en 2014 un protocole pour la création de 2 000 logements dans le cadre de la restructuration des sites industriels de la RATP. Cette association en amont nous a permis de réfléchir ensemble aux opportunités foncières de la RATP pour déboucher sur le développement de véritables projets urbains pour des sites aux fonctions jusqu’alors uniquement industrielles. Un tel partenariat permet donc à la Ville d’accompagner la RATP dans la valorisation de son foncier, tout en participant à la réalisation de ses objectifs de construction de logements, de dynamisation de certains quartiers par l’implantation de nouveaux services et de préservation du patrimoine parisien, notamment industriel. Ce qui est intéressant, à travers les projets immobiliers portés par la RATP, et notamment celui des Ateliers Vaugirard, c’est qu’ils démontrent qu’une cohabitation entre logements et activités industrielles est possible, même souhaitable.
Les fonctions historiques du site sont maintenues et de nouveaux usages se développent avec la création d’espaces verts, de locaux commerciaux et d’équipements publics. Le pari de la cohabitation est également relevé pour ce qui est du patrimoine, puisque le projet Vaugirard parvient à faire dialoguer écriture industrielle – les deux pavillons sont préservés – et écriture contemporaine avec des propositions architecturales de grande qualité. Ces projets, qui conservent l’existant tout en permettant la densification de sites jusqu’alors monofonctionnels, participent à l’élaboration de la ville mixte et durable. La qualité architecturale de tels projets doit par ailleurs permettre leur insertion dans le paysage de la rue et participer d’une mixité réussie, en faisant cohabiter intelligemment différents usages. C’est d’autant plus important qu’aujourd’hui il n’est plus possible de construire des quartiers à vocation uniquement résidentielle ou uniquement d’activités. Garder les emplois et services à proximité des logements, c’est réduire les déplacements et donc décongestionner la ville, c’est aussi favoriser le lien social et ainsi accroître le sentiment de sécurité. On le voit, la mixité des usages contribue directement à la qualité de vie et donc à l’attractivité du territoire.
Le groupe RATP a su développer une ingénierie immobilière particulière, en valorisant ses sites par la superposition d’activités. À ceci s’ajoute une ambition économique : la quasi-totalité de la transformation de sites industriels est financée par les recettes issues de la vente des capacités à construire sur ses terrains. Deux filiales unissent leurs expertises au service de cette ambition. RATP Habitat, qui construit, réhabilite et gère des logements sociaux en Île-de-France pour les salariés du Groupe, mais également pour l’État et les collectivités locales. Partenaire engagé aux côtés des territoires, RATP Habitat imagine des programmes immobiliers à la fois complexes, innovants et architecturalement ambitieux. RATP Real Estate a développé une ingénierie de projets complexes de grande qualité. Pour valoriser le patrimoine de ses clients, elle crée ou restructure des bâtiments industriels, tertiaires, de logements et d’équipements publics. Elle assure également des missions d’expertises sur l’intégralité du cycle de vie d’un bâtiment.
En tant qu’architecte, je m’intéresse à la ville plus qu’à ses architectures au sens strict. Toute ville est toujours faite d’une certaine dose de mixité : c’est un complexe social, économique, culturel, géographique, matériel, et cela à des échelles très variables, déterminées par sa taille, ses cultures, son histoire. La mixité urbaine est donc inhérente à la ville elle-même. Ce qui m’a séduite dans ce projet des Ateliers Jourdan, c’est que la RATP avait compris l’enjeu du maintien de cette mixité dans une grande ville comme Paris, et qu’elle voulait contribuer à l’enrichir. Notre projet essaie ainsi de repenser le mélange entre les programmes et entre les usages, à une échelle suffisamment importante pour offrir une autre façon de vivre la ville. Imaginez-vous, les Ateliers Jourdan, c’est 1,7 hectare dans la ville de Paris, on pourrait y faire rentrer le porte-avions Charles-de-Gaulle ! Sur ce très grand site urbain, on a empilé sept étages de logements publics, de logements privés, une crèche, des chambres étudiantes, des petits commerces, le tout au-dessus d’un dépôt de 180 autobus… Le volume de ce projet et la densité que l’on amène dans la ville de Paris sont considérables. Et dans cette densité, il y a toute une série de populations qui sont très différentes et qui cohabitent. Cela crée une véritable diversité sociale.
C’est une petite ville au sein de la grande ville. La question qui se pose n’est pas tant de faire de la mixité, mais surtout d’intensifier celle qui existe déjà à Paris, notamment par le biais de la mobilisation d’un acteur comme la RATP, qui gère des infrastructures, porte une vision, dispose d’une capacité financière forte et a une manière singulière de travailler dans la ville. On ne peut en effet réaliser un tel projet seul. On dit souvent qu’il faut deux personnes pour danser le tango, ce fut particulièrement le cas pour le projet des Ateliers Jourdan. En tant qu’architecte, nous avons la vision, mais pas le pouvoir, nous avons besoin d’acteurs qui partagent cette vision et qui se mobilisent pour favoriser la diversité par le biais de l’urbain. C’est une chance, car ce projet a été exigeant, il a représenté dix ans de ma vie, mais il a toujours été intéressant : en tant qu’architecte, je savais qu’il y avait constamment des acteurs qui, chaque jour, le soutenaient et le rendaient possible.
La RATP se doit, par souci d’efficacité, d’avoir son patrimoine industriel tel que ses centres d’entretiens et de bus, au plus près des services qu’elle propose. Cela permet notamment de limiter fortement les coûts de maintenance et d’exploitation. C’est ce qui explique que la RATP possède, au coeur de la ville de Paris, un foncier important, constitué par exemple de dépôts de bus comme celui de Jourdan, dans le 14e arrondissement. La RATP réfléchit à la manière dont elle peut moderniser et optimiser ce patrimoine, afin qu’il s’insère au mieux dans la ville et ne se limite pas aux seuls usages des transports. L’objectif étant de proposer des sites intelligents, dans lesquels on peut dégager du foncier pour permettre de mixer les usages au sein du territoire. Le foncier de la RATP se retrouve en effet souvent en milieu urbain dense, ce qui impose de réfléchir, en partant de l’outil industriel et en mobilisant des filiales comme RATP Real Estate et RATP Habitat, au développement d’autres fonctions : du logement privé et social ainsi que des équipements et services pour les habitants.
La RATP, en tant qu’acteur du territoire, se doit de penser à la ville et à ce qui la compose. Elle doit contribuer à développer davantage une mixité sociale, urbaine, fonctionnelle. C’est aujourd’hui une nécessité. Ces opérations ne sont par ailleurs pas le seul fait de la RATP, elles sont le résultat d’une vaste concertation opérée avec les élus, mais également avec les riverains, à travers l’organisation de nombreuses réunions publiques qui visent à associer les différentes parties prenantes au projet dès son intention, afin que ce dernier se fasse au bénéfice du territoire. Les élus sont encore plus impliqués lorsque des équipements ou des programmes publics s’intègrent dans les projets que nous développons. Dans ces cas, la RATP va jusqu’à réaliser ces projets pour le compte des collectivités et travaille donc quotidiennement en étroite coopération avec les acteurs du territoire.
