François Meyer,
Délégué général de Fer de France
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Le rail vit un moment historique : à la confluence d’enjeux très actuels, il suscite un fort regain d’intérêt. Green deal européen, plan de relance national en France, urgence climatique : le contexte est très porteur pour une filière ferroviaire française, dont l’expertise est reconnue et qui s’organise pour développer des projets en France et à l’international avec le soutien des pouvoirs publics. Opérateur historique du ferroviaire (métro, RER et tram), le groupe RATP entend bien jouer tout son rôle dans ce renouveau de la filière, en apportant son savoir-faire d’exploitant mais aussi sa capacité à innover dans tous les domaines, de la maintenance au service voyageur.
François Meyer,
Délégué général de Fer de France
Pour François Meyer, délégué général de Fer de France, le ferroviaire accompagne les villes dans leur développement urbain et répond à la demande de mobilité partout dans le monde en proposant un mode de transport durable. Sur un marché où la compétition est rude, la filière française possède d’excellents atouts.
La situation actuelle est-elle favorable au développement du ferroviaire ?
Extrêmement favorable, car le ferroviaire répond aux trois piliers économique, social et environnemental du développement durable. En effet, la transition écologique n’a de sens que si elle embarque tout le monde, y compris les populations les plus fragiles, or le transport ferroviaire répond à cet enjeu essentiel d’inclusion. Sur le plan économique, la France a des champions mondiaux qui gagnent des marchés à l’international et en France, dans les territoires, créer des emplois de service non délocalisables. Le transport ferroviaire change la ville, c’est un « city shaper » et il y a une vraie opportunité pour la France à faire rayonner son expertise en la matière.
Quelles sont les spécificités de la filière ferroviaire française ?
C’est une filière constituée par des autorités organisatrices de transports, ce qui signifie qu’il s’agit d’un modèle régulé. C’est à ces instances qu’il revient la tâche de réfléchir et de décider des transports que l’on souhaite pour les citoyens, dans le sens de l’intérêt commun, et non d’intérêt privés. C’est une belle responsabilité et le gage d’un aménagement du territoire équilibré et du respect de l’équité sociale. C’est tout un ensemble qui fait filière : les autorités organisatrices de transports, les opérateurs, les industriels… Nous avons la chance que cette filière soit best in class au niveau mondial et compte des champions mondiaux, dont le groupe RATP fait partie.
Gautier Brodeo,
Vice-Président de l’UITP et directeur de l’Agence du développement opérationnel du groupe RATP
Comment définir la filière ferroviaire ?
Quand on parle du ferroviaire, on pense souvent au rail conventionnel. Certains parlent de « ferroviaire lourd » mais ce n’est pas le poids d’un train qui fait sa fonction. Ainsi le matériel roulant de la ligne A du RER est plus lourd qu’un TGV mais il s’utilise comme un métro notamment sur le tronçon central. Les transports ferroviaires comme les tramways, les métros, les RER ou les TER appartiennent au domaine des transports guidés.
Pourquoi un tel regain d‘intérêt pour le ferroviaire aujourd’hui ?
Son premier atout est environnemental. Le ferroviaire est beaucoup moins polluant que les autres modes de transport comparables, et il continue de réduire ses émissions. Il est donc amené à jouer un rôle clé si l’on veut réussir la transition vers une mobilité plus respectueuse de l’environnement, compatible avec l’objectif de neutralité carbone en 2050 et au Green Deal européen.
L’autre atout du ferroviaire, c’est l’expérience client qu’il offre, une expérience intégrée et optimisée de bout en bout : vous voyagez confortablement, vous pouvez vous déplacer librement à bord, vous pouvez monter dans un TER jusqu’à 2 ou 3 minutes avant le départ… Votre temps de trajet est un temps utile !
Mais le rail seul ne suffit pas pour irriguer un territoire ?
Il reste un vrai levier stratégique pour répondre aux enjeux de mobilité tant en ville qu’en zone rurale. Mais l’infrastructure ferroviaire, avec des TER qui relient les grandes villes entre elles, n’est en effet qu’une colonne vertébrale. Pour rendre la mobilité accessible à tous, il faut greffer sur cette colonne vertébrale des solutions du dernier kilomètre et penser les gares comme des hubs urbains qui proposent une interconnexion à d’autres liaisons modales (bus, tramways…). Le règlement européen révisé sur le réseau trans-européen de transport (TEN-T) propose ainsi une prise en compte accrue de ces hubs urbains multi-modaux, qui sont des maillons essentiels de la chaîne des transports européens longue distance.
Depuis décembre 2019, les régions peuvent lancer des appels d’offre pour l’exploitation des lignes de TER (train express régional). Pour porter son offre sur ce marché, le groupe RATP a créé en 2019 une co-entreprise avec Getlink, Régioneo. La toute jeune société a enregistré en 2021 un premier gain encourageant dans le Grand Est, l’une des premières régions, avec les Hauts de France et la région Sud, à se lancer dans la démarche. Le groupement composé de Régionéo, Meridiam et Colas, s’est préqualifié début 2021 dans le cadre du processus des futurs appels d’offres pour les lignes Nancy-Contrexéville (L14) et Bruche-Piémont-Vosges (BPV).
Créé en 2018 par SNCF Réseau et la FIF (Fédération des Industries Ferroviaires), le Rail Open Lab, laboratoire d’open innovation et d’accélération technologique et numérique pour la maintenance et l’exploitation des réseaux ferrés, a pris un nouvel élan en 2021 avec l’intégration de la RATP et du SERCE. Cette initiative permet de fédérer grands groupes, ETI, PME et start-ups pour répondre aux besoins des deux principaux réseaux ferrés opérant en France.
Chaque mois, les trente partenaires partagent besoins et solutions technologiques sur la base de tests réalisés pendant 4 mois en conditions réelles d’exploitation. Objectif : développer des solutions économiquement viables et connectées qui seront ensuite déployées à grande échelle.
Parmi les premiers cas d’usage proposés : l’application des technologies de maintenance prédictive à la surveillance des ventilateurs de désenfumage du réseau RATP. L’occasion d’identifier et de tester une solution pour élaborer le carnet de santé en temps réel des 343 ventilateurs du réseau, essentiels pour la sécurité de tous, et d’améliorer la connectivité dans les tunnels de façon à anticiper d’éventuelles pannes.
Depuis 2020, les quatre grands acteurs de la filière ferroviaire française (Alstom, Thales, SNCF et le groupe RATP) ont décidé de partager leurs programmes de R&D pour développer une vision commune. Partagée avec le reste de la filière au sein de la FIF (Fédération des Industries Ferroviaires) cette vision permet de dessiner une feuille de route R&D de la filière ferroviaire. L’ensemble du portefeuille de projets d’innovation recensé par la filière ferroviaire représente 1 520 millions d’euros sur la période 2021-2027.
Pour promouvoir un esprit de filière, Fer de France a créé en 2014 un cycle interprofessionnel destiné aux jeunes dirigeants du ferroviaire, baptisé du nom de Pierre-Michel Moisson-Desroches, né en 1785, professeur à l’Ecole des Mines de Saint-Etienne, qui avait très tôt compris l’intérêt stratégique du chemin de fer. Chaque année, une promotion Moisson-Desroches planche ainsi de façon transverse sur des enjeux collectifs : interactions dans la filière, concurrence internationale et intermodale, tendances émergentes de la mobilité, innovation.
Mettre les propriétés de la lumière au service du bien-être et de la santé des voyageurs dans les rames de métro, c’est le projet de l’équipe Lumno, qui est montée sur la 3e marche du podium du Rail Innovation Challenge 2020/2021 organisé par Fer de France, dans la catégorie « Le ferroviaire post-Covid ». Ces 4 étudiants de l’école du web, digital et communication audiovisuelle de Paris (ECITV) expliquent en effet que la lumière peut être désinfectante grâce aux UV-C (qui inactivent les virus), et procurer du bien-être avec la luminothérapie. En 2021, le challenge a opposé, pendant 5 mois de compétition, 521 étudiants participants avec de nombreux projets qui façonneront l’avenir du secteur ferroviaire.