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Le Covid-19 s’est imposé durablement dans le quotidien ces deux dernières années et a poussé les villes à réinventer leurs aménagements urbains.
Dans le même temps, les micro-mobilités explosent. Les navettes autonomes, trottinettes et vélos en free-floating, apportent une solution pour le dernier kilomètre… Tout en suscitant de vifs débats sur l’invasion des espaces publics.
Nous avons voulu savoir comment les espaces publics urbains se réinventent à l’ère de ces nouvelles mobilités.
Par Marie-Claude Dupuis
Directrice Stratégie, développement durable et immobilier du groupe RATP
Vous le savez, les espaces urbains sont devenus des ressources rares. Alors que les nouvelles mobilités et la densification des flux posent de nouveaux défis, tous les décideurs de la ville se doivent d’agir pour un meilleur « partage » de ces espaces.
Trois pistes sont à retenir de mon point de vue :
• La solution du mass transit, pour acheminer des passagers toujours plus nombreux dans un espace toujours plus restreint : c’est la promesse du métro automatique. Un moyen efficace pour lutter contre l’autosolisme (le fait de prendre sa voiture seul) qui prend beaucoup d’espace, en plus d’être une source d’émissions de gaz à effet de serre.
• L’aide de la smart city et de la data. Smart curbs, parkings connectés, sécurité des piétons, MaaS : les espaces urbains doivent être mieux compris et mieux optimisés pour profiter à tous, en accompagnant les usages pour une mobilité plus flexible et plus sécurisée.
• L’exigence d’inclusion. Pour donner à chacun les moyens de se déplacer en ville, les espaces urbains doivent être adaptés à tous les citoyens, c’est une exigence et un devoir.
En bref • Le ‘tout voiture’ a façonné les paysages urbains, et reste le modèle dans de nombreuses villes.
Mais les nouvelles mobilités deviennent un acteur à part entière de l’espace urbain : 9 millions de trajets ont été effectués en France en octobre 2021 en vélos en libre-service et trottinettes, scooters et voitures en free-floating. (source : Fluctuo)
Pourquoi c’est important • Les nouvelles mobilités portent de nouveaux usages : connectées, partagées, souples, elles correspondent aux attentes des habitants.
D’où le développement du MaaS, le Mobility as a Service, comme le propose l’application Bonjour RATP : on peut aussi bien y consulter son trajet de métro que réserver une trottinette TIER.
Les villes l’ont bien compris : c’est dans cette complémentarité des usages que peut se trouver, bien organisée et pensée, une meilleure qualité de villes.
LA CHRONOLOGIE
2003: 29 millions de véhicules individuels dans le parc automobile français, contre 2,7 millions en 1950
2007: Le Vélib’ popularise les systèmes de location de vélos à grande échelle à Paris
2014: Lancement des premières flottes de trottinettes et de vélos en free-floating en Asie
2020: Plus de 100 collectivités en France engagées dans une dynamique d’aménagements de transition post-Covid, notamment avec des pistes cyclables
Urbanisme tactique, pistes cyclables, transformation des rues : dans notre entretien, la directrice adjointe de l’APUR Patricia Pelloux nous explique comment la crise sanitaire a poussé les villes à se réinventer durablement.
(Photo: © Joséphine Brueder – Ville de Paris)
*Source: ONU (2018 Revision of World Urbanization Prospects)
📍 Paris, 13e arrondissement
Que se passe-t-il vraiment dans la rue ? • Un vélo qui zigzague, un camion de livraison qui s’arrête, une manifestation qui perturbe le trafic… La rue est un espace en permanente activité.
C’est pour mieux comprendre et réguler ces flux qu’est né le projet Paris2Connect, un projet de smart city porté par ATC France et Ville de Paris en collaboration avec Aximum, Nokia, Signify (ex Philips Lighting) et le groupe RATP.
Comment ça marche ? • Sur un périmètre qui relie la gare d’Austerlitz à la Gare de Lyon, 9 lampadaires connectés (équipés de caméras thermiques et vidéo, d’un LIDAR, d’un capteur sonore et de capteurs de champs électromagnétiques) ont été déployés.
Ces ‘yeux’ et ces ‘oreilles’ remontent vers un guichet unique des données anonymes sur ce qui se passe réellement sur la chaussée et les trottoirs. Riche de ces données, c’est sur ce parcours que la RATP expérimente sa navette autonome.
Pourquoi c’est intéressant • Parce que ça permet concrètement d’améliorer la gestion de la mobilité urbaine… Sans prendre plus de place ! Et dans le même temps, en installant ses infrastructures sur des lampadaires d’éclairage, la ville développe de nouvelles solutions en matière de connectivité et de smart city, sans surcharger la ville de nouvelles infrastructures.
Le New York Times imagine dans un format immersif à quoi pourrait ressembler un Manhattan avec moins de voitures, pour dédier plus d’espaces aux transports en commun, aux piétons, et aux cyclistes.
