Le projet du Grand Paris fait le pari d’une transformation par les transports. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?
L’Île-de-France s’est développée historiquement sur un système de transports en étoile.
La révolution qu’apporte le Grand Paris Express (GPE), c’est cette relation nouvelle de banlieue à banlieue qui va faire naître de nouvelles centralités, des hubs de mobilité autour des gares, des liens entre communes voisines. Et révéler des richesses patrimoniales, économiques ou culturelles et des opportunités nouvelles pour les habitants, notamment ceux des 40 quartiers prioritaires qui seront connectés au réseau.
Comment ces habitants peuvent-ils se projeter dans ce futur territoire, l’explorer en franchissant des frontières qui sont souvent symboliques et sociales ?
En 2015, le dézonage du Pass Navigo leur a donné leur carte d’identité de « Grands Parisiens ». Mais il restait en effet à construire un imaginaire commun, à reconnaître physiquement les contours de ce Grand Paris.
Enlarge Your Paris a donc organisé dès 2016 des randonnées urbaines le long des futures lignes du GPE, de façon à rechercher des continuités piétonnes, à reconnaître ces espaces verts qui sillonnent un périurbain diffus. L’objectif était d’encourager la marche de loisir mais pas seulement. Il s’agissait aussi d’inscrire la marche dans la mobilité du quotidien, avec une logique de rabattement vers les hubs de transports en commun.
« La révolution du Grand Paris Express, c’est cette relation nouvelle de banlieue à banlieue qui va faire naître d’autres centralités. »
Selon vous, il est possible de dépasser la brisure entre intra et extra muros ?
Oui, c’est le cas à Bagneux où le métro était attendu depuis 50 ans. Cette ville industrielle qui était « au service » de Paris, demandait à en faire partie. En attendant la ligne 15 Sud, le prolongement de la ligne 4 est un symbole d’une grande force. Cette ville populaire a désormais le métro « comme Paris ».
D’ailleurs, l’idée du Grand Paris n’est pas nouvelle, elle existe depuis les années 1920. À l’époque, les maires de Boulogne et de Montreuil se sont réjouis que leurs communes soient reliées par la ligne 9. Avoir le métro, c’est être à Paris…
Finalement, dans un monde post-covid, associer marche et transports collectifs, c’est redonner de l’attractivité au périurbain ?
Oui, ça me semble fondamental de voir le Grand Parisien de demain comme un piéton ‘augmenté’ d’un Pass Navigo. Si on veut réenchanter l’espace public, il faut valoriser de nouveaux critères d’attractivité. Révéler une trame piétonne à l’échelle du GPE permet de répondre à des enjeux d’écologie, de bien-être, de qualité de vie et de renouer avec un très bel héritage.
Le territoire métropolitain regorge d’espaces de grande qualité. Quand la ligne 16 sera en service, elle permettra de rejoindre facilement tous les grands parcs Natura 2000 de la Seine Saint-Denis. L’avenir de la ville résiliente, passe aussi par ce type de réponse.
Pour découvrir toujours plus d’idées de sorties et de promenades urbaines : https://www.enlargeyourparis.fr/