À l’heure de la digitalisation du commerce, le magasin en ville a-t-il encore un sens ?
V.M. Oui, si l’on évite un piège : opposer le numérique au physique, se dire que l’un va l’emporter sur l’autre. Il faut les penser comme un continuum de services.
Ainsi, le magasin peut se réinventer pour répondre à l’exigence de proximité. Notre client doit en effet pouvoir tout trouver en un clic comme en un pas.
Comment l’implantation des commerces se maille-t-elle avec la ville ?
V.M. Un magasin doit être en résonance avec la ville. Nous nous tenons constamment à l’écoute des évolutions urbaines. Les transports constituent bien sûr un indicateur essentiel puisqu’ils façonnent la ville en créant de nouveaux flux, en simplifiant les déplacements.
Nos magasins se font l’écho de ces mutations. Un Monoprix situé à la sortie d’une station de métro ne proposera pas la même expérience qu’une grande surface en périphérie.
« Les flux créés par les transports sont des données essentielles pour la conception et l’aménagement de nos magasins. »
N’existe-t-il pas néanmoins un risque d’uniformisation des boutiques et donc des villes ?
V.M. C’est une solution de facilité et nous la fuyons ! Un magasin doit aujourd’hui respecter le caractère de sa zone d’implantation. À Lille, par exemple, l’entrée reprend l’architecture en briques typique du nord de la France.
Ce n’est pas un simple détail esthétique : les habitants d’un quartier sont très attachés à « leur » Monoprix. Nous voulons qu’ils se sentent réellement chez eux, de l’accueil jusqu’à la caisse sans oublier les rayons dédiés à nos métiers de bouche.
Quelle est la véritable mission du commerce de proximité en 2022 : offrir un vaste choix ? Une sélection pointue ? Dépasser sa fonction en allant vers d’autres services ?
V.M. Les trois ! Nos clients ont à leur disposition, selon les villes et les quartiers, des mini-boutiques de proximité, comme celles que nous avons développées pour
des stations RATP, mais aussi des « flagships » rassemblant un maximum de références. Il existe néanmoins une tendance de fond, commune à ces diverses approches : faire du magasin un espace de services et de vie du quartier.
Si vous deviez tracer le portrait-robot du magasin idéal pour la ville d’aujourd’hui…
V.M. Il serait d’abord accessible, connecté avec le quotidien des clients. Fonctionnel, aussi, pour y trouver ce que l’on cherche, des gammes « premiers prix » mais aussi une offre plus premium.
Ensuite, humain en donnant à tous le sentiment d’être accueillis, de pouvoir bénéficier de conseils personnalisés. Et, enfin, responsable pour permettre à nos clients urbains de mieux consommer.