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Rencontre

Rencontre avec Jean Viard

Docteur en sociologie, Jean Viard mène notamment des travaux de recherche sur l’espace, l’aménagement du territoire, les temps « sociaux », la mobilité et la jeunesse. Il est reconnu pour son analyse fine de la société française et de son évolution.

Par où commencer pour dessiner le portrait de l’habitant du périurbain ?

D’abord par l’emploi du pluriel ! Il n’existe pas un habitant type mais, au moins, deux sociologies distinctes : l’habitant de petites villes isolées, constituées de lotissements pavillonnaires ; et l’urbain télétravailleur venu s’établir dans une ville moyenne ou un village de caractère. Les premiers se sont installés près des autoroutes et se déplacent en voiture, les seconds sont avant tout guidés par l’accès aux lignes de chemin de fer.

La fracture entre les deux se cristallise autour du thème de l’intégration sociale. Les habitants des lotissements se vivent comme des citoyens de l’extérieur, éloignés des centres-villes et des métropoles qui concentrent l’emploi, l’offre culturelle… Ils disent d’ailleurs souvent « je vis à une heure de Paris, une heure de Montpellier… ». La distance devient une manière de se situer.

Comment expliquer ce sentiment d’éloignement ?

L’habitant des lotissements a d’abord connu une ascension sociale : il est devenu propriétaire, contrairement à ses parents. Puis l’ascenseur s’est bloqué à cause de l’éloignement géographique mais aussi à cause d’une société qui valorise des discours essentiellement urbains : la lutte contre l’automobile, la proximité des services, les problématiques de livraison en centre-ville…

Autant d’éléments qui ne font pas partie du quotidien des habitants du périurbain et qui contribuent au sentiment d’exclusion.

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« Il n’existe pas un habitant type du périurbain mais au moins deux types socio-logiques ! »

Jean Viard
Sociologue

Quelles sont, selon vous, les solutions pour lutter contre cette fracture ?

Tout d’abord, nous devons revaloriser l’image du pavillon individuel qui est trop souvent devenu le symbole d’un mode de vie polluant, fondé sur les déplacements en automobile.

Ce type d’habitat doit évoluer vers un véritable objet écologique. Avec une installation de panneaux solaires par exemple, il peut produire l’électricité nécessaire pour des vélos ou une voiture.

Quel rôle jouent les transports dans le futur du périurbain ?

C’est bien évidemment essentiel. Sur ce chapitre, la notion clé reste la densification de l’habitat. Dans les années 1980, le lotissement s’étendait sur 2 000 m2. Aujourd’hui l’échelle serait plutôt 500 m2. Avec des zones d’habitation plus denses, il devient possible de regrouper des communes du périurbain pour penser l’ensemble comme une ville-jardin, à la manière de Londres ou Bruxelles.

Sur ce territoire plus cohérent, le réseau de mobilité se développerait plus efficacement. Tout le monde pourrait être à moins de cinq minutes de vélo électrique d’une station de transports en commun. Une vraie révolution pour ces zones et une réponse pertinente au sentiment d’exclusion.

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