Comment les villes utilisent-elles le numérique pour impulser une gouvernance citoyenne et rendre les citoyens acteurs de leur ville ? Certaines le font sur des sujets du quotidien : à Montauban, depuis 2016, les habitants utilisent l’application Tellmycity pour signaler à la mairie des dégradations ou anomalies dans l’espace public, photos géolocalisées à l’appui. L’outil permet d’améliorer la relation avec les usagers et constitue aussi un bon baromètre de la qualité de vie dans les quartiers. D’autres villes développent d’autres démarches, comme Lannion, avec sa base cartographique collaborative créée à partir d’une plateforme non payante de type OpenStreetMap.
Pour enrichir cet outil en permanence et avec précision, elle fait appel aux citoyens. Et ça marche : les « communs numériques » ainsi produits profitent à tous. Les enseignants du territoire l’utilisent ainsi pour leurs cours ; le relevé des lieux accessibles, exhaustif et proche du ressenti des usagers, permet d’améliorer le quotidien des personnes à mobilité réduite ; l’expertise détenue par les citoyens en tant qu’utilisateurs des espaces publics remonte plus facilement aux services techniques chargés de l’entretien et de l’aménagement de ces espaces…
Certaines municipalités se lancent dans des expérimentations plus pointues. Le Grand Lyon, La Rochelle et Nantes Métropole sont aujourd’hui engagés dans le projet Mesinfos du think tank Fing. Cette démarche autour du self data implique des citoyens dans la production, l’exploitation et le partage de leurs données personnelles, sous leur contrôle et à leurs propres fins. La Rochelle teste ainsi avec des volontaires (salariés d’Enedis, de La Poste, agents de la ville, habitants…) « Coach CO2 », un outil de mesure et de réduction de l’empreinte carbone.
Utopie ou nouvel ElDorado
Malgré ces initiatives, l’empowerment citoyen reste un horizon lointain. « Certaines villes ou communes mettent bien en avant leur volonté d’une transparence par l’open data qui favoriserait la participation citoyenne, note Antoine Courmont, responsable scientifique de la chaire Villes et numérique à Sciences-Po Paris. Mais les données mises à disposition sont généralement peu accessibles par les citoyens, qui ont besoin de l’aide d’un expert pour ouvrir les fichiers et les comprendre. » Pour Julie de Pimodan, en revanche, la civictech peut contribuer à relancer la vitalité démocratique. Elle a cofondé et dirige Fluicity, une société spécialisée dans les solutions et outils de décision collective (sondages, budgets participatifs, projets collaboratifs…), et estime qu’il devient possible, avec ces outils, de « réengager massivement les citoyens tout en augmentant l’efficacité du service public ».
« Les territoires mettent en avant leur volonté d’une transparence par l’open data qui favoriserait la participation citoyenne. »
Lancé en novembre 2019, dédié « aux nouvelles mobilités et au mieux-vivre en ville », l’accélérateur de start-up du groupe RATP vit sa première saison avec six jeunes pousses invitées à tester et à déployer leurs solutions et services sur le réseau RATP. Parmi les innovateurs retenus : Geovelo, pionnier dans le calcul d’itinéraires à vélo. Pour donner de l’élan à l’intermodalité dans les transports, l’appli choisit en priorité pistes cyclables et rues peu passantes pour assurer aux utilisateurs confort, sécurité et tranquillité. Elle calcule aussi les itinéraires adaptés à la pratique du vélo de chaque utilisateur, géolocalise les parkings deux-roues et les stations vélos en libreservice. Autre heureux élu, FieldBox.ai et son application qui génère des scénarios d’optimisation par intelligence artificielle. Objectif : aider les chefs de régulation et aiguilleurs du RER à prendre les meilleures décisions d’affectation du matériel roulant, pour un impact positif sur la maintenance du matériel… et sur la fluidité du trafic.