Selon Stéphanie Vincent le nouveau Plan vélo et mobilités actives a pour vocation de faire de la France une nation du vélo. Qu’en pensez-vous ?
Thierry du Crest : Effectivement, l’enjeu est de donner une place encore plus importante au vélo par rapport au premier plan, lancé en 2018. Ce dernier a produit des effets concrets, avec une nette croissance de la pratique.
Mais le deuxième plan vélo veut aller encore plus loin en intensifiant la dynamique interministérielle qui implique la transition écologique et les transports bien sûr mais aussi le sport, la santé, l’éducation nationale, le ministère de l’intérieur, l’industrie sans oublier le tourisme. 250M€ ont également été dégagés en 2023, soit deux fois plus que la moyenne des quatre dernières années.
Quel est le positionnement de la France dans le développement du vélo ?
Thierry du Crest : La part modale de la bicyclette sur les déplacements inférieurs à 80 km est de 3 à 4 % en France alors que la moyenne européenne se situe plutôt autour de 7 %. Le retard existe mais le potentiel aussi : 45 % des déplacements en voiture couvrent une distance de moins de 5 km. Une bonne part pourrait donc être facilement remplacée par le vélo. De plus, les kilomètres de pistes cyclables ne cessent d’augmenter. Un point absolument décisif.
Jérôme Journeau : Oui, tout comme le développement de services associés, très important aussi pour faciliter l’usage. Des solutions qui permettent de trouver un vélo en libre-service et de le réserver. C’est le cas de Bonjour RATP pour l’Île de France. Avec cette application, le voyageur peut payer sa location Vélib’, sans sortir de l’environnement RATP et conjuguer ainsi les modes de transports selon ses besoins. Nous offrons également la possibilité de localiser les quantités disponibles depuis Mappy dans de nombreuses métropoles de France. Chacune de nos applications garantit la mise à jour des itinéraires et pistes cyclables. Le développement de la pratique passe aussi par la sensibilisation. Une start-up comme Zenride, dans laquelle RATP Capital Innovation a investi, encourage les départements des Ressources Humaines des entreprises à mettre des flottes de vélos à disposition de leurs collaborateurs.
« L’explosion de la pratique du vélo électrique et de la location longue durée a bouleversé les usages du vélo. »
Outre le manque de pistes cyclables, quels sont les principaux freins à la pratique du vélo aujourd’hui ?
Thierry du Crest : L’utilisateur réclame principalement plus de sécurité. Qu’il s’agisse d’itinéraires continus aménagés avec un maximum de pistes cyclables plus agréables et moins stressantes ou encore des zones de stationnement. La crainte du vol décourage de nombreux cyclistes en puissance.
Jérôme Journeau : En effet, le vol est un frein important. C’est pourquoi nous avons conçu un site dédié à la recherche de places de stationnement avec consignes sécurisées et abris pour vélos. Mappy est d’ailleurs la seule application à présenter tous les emplacements de parking vélo sur la voierie.
Quel avenir pour le vélo dans les zones périurbaines ?
Jérôme Journeau : L’explosion de la pratique du vélo électrique a bouleversé les habitudes et a permis d’augmenter les distances parcourues pour se rendre au travail ou pour rallier une gare de transports en commun. Avec ce type de véhicule à assistance électrique, nous pouvons combler notre retard sur des pays précurseurs comme l’Allemagne ou les Pays-Bas.
Thierry du Crest : Et il en va de même pour la location longue durée. Après quelques mois, elle convertit de nombreux utilisateurs qui finissent par s’équiper. Mais attention à ne pas nous focaliser exagérément sur le parcours domicile-travail quand il s’agit du périurbain. Bien qu’important, il ne représente qu’un quart des déplacements. Il existe d’autres trajets, plus courts, qui peuvent être effectués à bicyclette dans le périurbain lorsque les conditions d’aménagements sont remplies. Par ailleurs, nous devons aussi penser à d’autres publics que les salariés. Le collège de St-Jean-d’Illac (33) par exemple est desservi par des pistes cyclables sûres avec un stationnement facile : 80 % des élèves y viennent en vélo. Des jeunes qui vivront autrement la mobilité dans les années à venir.
« Le trajet domicile-travail ne doit pas focaliser toute l’attention. »
